VIH à Port-Gentil : 8 061 patients déclarés et non 52 000, le CTA intensifie les dépistages
Face à l’augmentation préoccupante des cas de contamination aux infections sexuellement transmissibles (IST) et au VIH dans la capitale économique gabonaise, le Centre de traitement ambulatoire (CTA) a lancé une vaste campagne de sensibilisation, de prévention et de dépistage destinée aux populations de Port-Gentil. Ce samedi 6 décembre, c’est le quartier Salsa qui a servi de cadre à une rencontre d’information, de dépistage et d’orientation des populations les plus exposées. L’occasion pour la responsable du CTA Dr Marie Renée Olkili Abdoulaye-Ondeno de corriger des chiffres erronés sur la maladie qui ont abondamment circulé sur les réseaux sociaux.
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« Les informations qui circulent sur les réseaux sociaux sont des résultats de 2024, des résultats de 52 000 cas au niveau national. À Port-Gentil au CTA, nous avons 8 061 patients. Et malheureusement, nous avons 5 200 personnes perdues de vue », précise la responsable du CTA de Port-Gentil. Des stands de sensibilisation, des causeries éducatives ainsi que des séances de dépistage volontaire et gratuit ont été mis en place pour encourager chacun à connaître son statut et à adopter des comportements responsables.
Salsa, quartier pilote d’un dépistage élargi
« Cette activité vise à faire le dépistage au maximum de personnes. Nous avons ciblé les principaux foyers dans lesquels il y a le plus de personnes, et pendant ces moments nous devons faire la sensibilisation. On renseigne les populations sur le VIH/sida, on procède également à la distribution de préservatifs et de supports de communication sur le VIH/sida », a précisé hier la responsable du CTA, Dr Marie Renée Olkili Abdoulaye-Ondeno.
Une vue des femmes venues se faire dépister
Selon les responsables du CTA, la recrudescence des cas s’explique par plusieurs facteurs : la banalisation des comportements à risque, la faible connaissance des modes de contamination, une baisse de la fréquentation des services de dépistage, ainsi que des préjugés persistants autour du VIH. « Les personnes qui seront testées séropositives recevront immédiatement leur traitement. Une fois détecté positif, il y a la charge virale à faire et le CD4/T4. Lorsque quelqu’un est indétectable, il a de moins en moins de chances de contaminer une autre personne », souligne la manager du CTA lors de la campagne mobile.
Informer, prévenir et rapprocher le dépistage
L’objectif principal de cette opération est de ramener la prévention au cœur de la communauté, en allant directement au contact des groupes les plus vulnérables : jeunes, travailleurs de nuit, populations défavorisées, élèves et employés du secteur informel. « Lorsque nous faisons ce genre de campagne, nous faisons également des traitements de proximité parce qu’aujourd’hui le traitement n’est pas seulement curatif mais c’est également un traitement préventif. C’est un moyen de limiter la transmission au sein de la population », ajoute la responsable du CTA, Dr Marie Renée Olkili Abdoulaye-Ondeno.
Le stand de professionnels
Durant les interventions, les équipes médicales expliquent les modes de transmission, les moyens de protection, les bonnes pratiques en matière de sexualité responsable, ainsi que les possibilités de prise en charge. En raison de sa forte densité urbaine, de la mobilité professionnelle liée au secteur pétrolier et de la présence de nombreux jeunes exposés, Port-Gentil fait partie des zones ciblées par les actions renforcées du ministère de la Santé.
Une mobilisation appelée à durer
Le CTA souligne que les campagnes seront répétées tout au long de l’année afin de maintenir une vigilance élevée et d’accroître le nombre de dépistages. Le Centre de traitement ambulatoire appelle la population à participer activement aux prochaines permanences, à relayer les messages de prévention et à lutter contre la stigmatisation envers les personnes vivant avec le VIH.
Une banderole de l’opération
« J’ai l’habitude de faire mes tests après trois mois, au point où c’est devenu une routine. J’ai attendu mon tour pour me faire dépister, bien que je le fasse très souvent, mais on ne sait jamais. Ce n’est pas que je me suis mal comportée, mais c’est mieux de connaître son test. Le sida ne tue plus, le jugement des personnes nous tue. Que tu sois pauvre ou riche, va te faire dépister », conseille Émilienne Koumba.
@info241.com
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