Allègement du confinement au Gabon : quand les forces de l’ordre sèment déjà l’anarchie
Vraisemblablement, la levée partielle des mesures restrictives liées à la lutte contre le coronavirus n’a pas dissuadé les forces de l’ordre chargées de faire respecter les mesures barrière en milieu public. Dans les rues et marchés de la capitale gabonaise, ces dernières continuent de se comporter en véritables anges de la terreur.
Le Gabon a décidément atteint un niveau de corruption des plus regrettables au monde. Pour un État dit de droit, il a été installé et toléré un ensemble de réflexes qui humilient toute une nation. Parmi ces réflexes, la mendicité masquée en règle de vie par une corporation bien identifiée et désignée aujourd’hui "manges-mil". Il s’agit des gendarmes et surtout de policiers.
Quand la police se remplit les poches
Sans vergogne ni aucune gêne, la police gabonaise, loin de ses valeurs cardinales s’illustre depuis des décennies par une brimade systématique sur tous ces acteurs économiques qui font pourtant vivre le pays grâce à leur force de travail. Dans les rues de la capitale, à bord de leur camion Berliet, ils n’inspirent que terreur. Semant désolation après leur passage, ils n’ont aucun raisonnement quand ils tiennent à extorquer quelques malheureux billets à un boutiquier, "le malien" du quartier, ou même à une vendeuse d’épices communément appelée "la béninoise".
Une artère de la capitale gabonaise
En dépit de la clarté des autorités aussi bien sur les commerces autorisés à ouvrir que sur les heures d’ouverture et de fermeture, tout est fait pour pour que chacun des membres de ces patrouilles rentre chez lui le soir avec du pain pour sa progéniture.
De multiples patrouilles aux mêmes fins
Ici à la Gare routière (2è arrondissement de Libreville), nos reporters sont tombés sur une des ces scènes dignes d’un État de non-droit il y a quelques heures. Transformé en commissariat de circonstance, un Berliet est garé. Il est envahi par une meute de commerçants qui viennent de se voir arracher leurs marchandises sans justification sérieuse. Ces infortunés ont bien suivi la conférence de presse des autorités sur l’allègement des mesures gouvernementales sur la riposte contre la coronavirus.
Une vue d’une patrouille de police
« Mon frère, on ne sait plus comment nous en sortir dans ce pays. Les Chefs ont parlé mardi. Nous savons tous que le couvre-feu commence déjà à partir de 20h. Quant à nous qui vendons, on sait aussi qu’on doit fermer à 15-16h. Mais ces flics arrivent même parfois à 14h30 pour venir nous arracher nos marchandises comme tu vois là. Si tu n’as pas donné au moins 25 000 FCFA, ils partent avec. Et pour récupérer ça, ils vont te balader comme tu n’as pas idée. Quelques fois même, tu ne retrouves plus rien. Et c’est ce que nous subissons ici tous les jours. La mairie, n’en parlons même plus. Comment une seule administration va avoir deux, trois, voir quatre équipes sur le même terrain pour les mêmes missions ? Est-ce que c’est normal comme ça ? », se confie l’un d’entre eux à notre reporter.
A quand la fin de ces pratiques ?
Une situation plus qu’alarmante qui n’a que trop duré. Mais face à des autorités sourdes sur des vraies questions de société qui peuvent ternir l’image d’un pays vis-à-vis de potentiels investisseurs qui souhaitent s’y installer, il est à craindre que ne s’installe la loi du Talion.
À défaut d’une justice sociale qui tienne compte des droits de tous. Car, il serait mal venu qu’un Etat qui justifie le vote de lois qui reconnaisse l’union homosexuelle pour dit-il, s’arrimer au contexte international, ne puisse pas être capable de se doter d’une police moderne qui sache se contenter que de son salaire d’agent public chaque fin de mois.
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