Etre artiste au Gabon et n’avoir pas soutenu l’avènement d’Ali Bongo au pouvoir peut avoir de graves conséquences sur votre carrière musicale. C’est le cas de nombre d’artistes gabonais qui essuient depuis 2009 les foudres du régime pour avoir accompagné artistiquement la campagne d’un adversaire politique d’Ali Bongo. Même 10 ans après, la situation demeure au grand dam des œuvres musicales qui auraient pu faire les beaux jours de notre culture et la joie des mélomanes.
L’un des leaders du groupe Movaizhaleine, désormais en exil
La politique et la musique ne font pas bon ménage au Gabon sauf si vous roulez pour le bon candidat. Même encore aujourd’hui, les artistes catalogués « anti-régime » continuent d’être victime du manque de fair-play politique d’Ali Bongo et de son régime. Des artistes rap plus virulents de Movaizhaleine à la voix langoureuse d’Annie Flore Batchiellilys, nombreux sont ces artistes contraints à l’exil quand leur carrière ne se retrouve pas tout simplement bloquée par le camp au pouvoir.
Des talents victimes du pouvoir
A cette longue liste d’artistes éteints insidieusement par les « autorités » gabonaises, il faudrait citer l’exemple anecdotique des « frères » Dibaku et Omar Defunzu de la célèbre troupe « Le rire à gogo ». Le premier cité a accompagné musicalement le rival d’Ali Bongo, André Mba Obame, durant la présidentielle de 2009 et l’autre l’héritier de la famille Bongo. Résultat des courses, plus aucun contrat pour l’humoriste-chanteur Dibaku dont la carrière reste bâillonnée. Là où, à l’inverse, Omar Defunzu Onguengue croule sous le poids des contrats dont celui juteux du groupe Gabon Telecom.
Defunzu, grand soutien d’Ali Bongo, à la carrière plus que fleurissante
Cette liste non exhaustive ne serait rien sans le multirécidiviste qu’est Alexis Abessolo. Le chanteur qui avait déjà commis un impair en soutenant artistiquement André Mba Obame en 2009, a récidivé en 2016 avec cette fois un autre rival d’Ali Bongo : Jean Ping. Double peine donc pour ce talent musical dont la carrière est désormais en berne. Des manigances politico-musicales qui profitent aussi à leurs concurrents entrés eux dans les bonnes grâces du régime de Libreville.
Manque de fair-play
Des exemples qui sont malencontreusement légion dans le pays où se perpétue au pouvoir de père en fils les héritiers de la famille Bongo. Gabon où le politique s’invite perpétuellement dans la case culturelle. Une mainmise qui n’est pas pour favoriser le rayonnement de la musique gabonaise qui continue de perdre des voix et des talents qui auraient pu longuement faire sa fierté tant sur le plan national qu’international. Mais là encore, c’est toute une autre histoire.
Gageons simplement que le camp « présidentiel » comprenne enfin que la musique gabonaise tout comme le pays, ne sera jamais rien sans tous ses fils et talents. Une diversité culturelle, d’opinions et de talents seraient l’unique remède pour que bouillonne à jamais cette nation créée au péril d’âpres combats par nos ancêtres qui doivent bien se retourner dans leurs tombes.
Car, las de voir ce que leurs progénitures font de cette nation immortelle et de la culture qu’ils leur ont été léguées, devenir otage des égoïsmes politiques et de l’absence de fair-play entre politiques mais aussi entre artistes eux-mêmes qui se saisissent de cette occasion rêvée pour se débarrasser de la concurrence.
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