Présenté via les canaux habituels comme « un bon élève africain » dans sa gestion de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19), le Gabon et ses dirigeants font montre dans la réalité, d’une incroyable incapacité à gérer cette pandémie dans un pays peuplé d’un peu mois de 2 millions d’habitants. Sur fond d’exactions.
Sur le papier, dans les médias d’Etat et dans les autres médias qui s’efforcent de présenter l’image d’Épinal d’un Gabon « en voie de développement », la gestion de la pandémie du COVID-19 par les autorités gabonaises est remarquable. « Grace à l’action clairvoyante du président Ali Bongo et au dynamisme de son gouvernement » des mesures efficaces sont prises et un comité de pilotage du plan de veille et de riposte contre l’épidémie de Coronavirus au Gabon qui, tient des points de presse réguliers, est créé.
Très vite, le confinement est décrété et le Premier ministre du Gabon Julien Nkoghe Bekale affirme sur un faux ton débonnaire que « les forces de sécurités sont autorisées à pénétrer dans les domiciles pour vérifier le respect des gestes barrières ». Avant d’ajouter que le gouvernement du Gabon fera tout pour accompagner les populations gabonaises dans cette période inédite.
« Lavez-vous les mains ! »
Alors que le « couple royal » (imité par le prince héritier !) explique - tout en relevant le Hand washing challenge ! - au « bon peuple du royaume du Gabon » dans une luxueuse salle de bains en marbre noir, comment se laver les mains ; l’accès à l’eau potable est pour la trop grande majorité des habitants de la capitale du Gabon une vue de l’esprit, à tout le moins loin d’être une sinécure.
Ali Bongo dans sa luxueuse salle de bains, montrant l’exemple
Au quartier Damas par exemple, les populations doivent faire la queue pendant des heures pour avoir 40 litres d’eau ! Ailleurs, ce sont les camions-citernes de l’armée gabonaise qui distribuent de l’eau ! Un comble dans un pays aux centaines de milliers de cours d’eau et à la pluviométrie abondante !
Propagande et clientélisme politique
Alors que le confinement a plongé de nombreux foyers qui vivotaient dans une situation de précarité extrême, les aides annoncées par Ali Bongo, la fondation Sylvia Bongo et d’autres « acteurs bienveillants » très liés au régime, font l’objet d’une propagande éhontée et d’un trafic tout aussi honteux.
Accompagnés de slogans politiques tel que « on est ensemble » (le slogan de campagne d’Ali Bongo) ou encore « ensemble avec ABO [Ali Bongo Ondimba] » les « kits alimentaires » composés de quelques grammes de riz, de maigres boites de conserves, d’huile et parfois de deux canettes de bières, sont distribués à grand renfort de cameras. Ailleurs, les dons de la Fondation Sylvia Bongo Ondimba pour la famille dans le cadre du projet « ensemble contre le coronavirus » sont abondamment relayés sur les réseaux sociaux pour montrer l’action humanitaire de la « Jackie Kennedy d’Ali Bongo ». A d’autres endroits du « Grand Libreville » (sic), comme aux quartiers PK7 et Akébé, la distribution des denrées alimentaires peu suffisantes donnent lieu à une indescriptible pagaille tout de même encadrée par l’armée où le respect des mesures barrières n’existent plus…
« On meurt de faim »
Alors que le gouvernement gabonais a annoncé la prise en charge de 60.000 foyers nécessiteux, le nombre des laissés-pour-compte est si important que nombreux sont les Gabonais qui dénoncent l’absence des fameux kits alimentaires et une distribution visant le plus souvent les clients du régime et les quartiers réputés proche de lui. Un habitant d’Essassa affirme clairement : « les bons se donnent par affinité politique » un autre parle sans détours « de règlement de comptes politiques » vis-à-vis de ceux qui ont voté contre le régime.
La colère des populations
Même son de cloche à Plaine-Niger, Kinguélé et ailleurs dans le « Grand Libreville ». De plus en plus de gabonais et gabonaises reconnaissent ouvertement avoir de grandes difficultés pour s’alimenter, certains d’entre eux affirmant sans détours : « On meurt de faim ! ».
Exactions et abus des forces de défense et de sécurité
Pour contenir ces nombreux mécontents, Ali Bongo peut compter sur l’armée gabonaise, son fidèle cerbère. L’armée en renfort aux forces de police, quadrille le pays et a carte blanche pour réprimer sans ménagement tous les contrevenants et autres déviants. Elle n’a pas perdu de temps pour se conformer à sa sinistre réputation : une vidéo prise par un militaire gabonais montre les sévices corporels infligés à une dizaine de civils hommes et femmes accusées d’avoir violé le couvre-feu. On peut y voir – et surtout entendre - des militaires heureux de battre et de piétiner des civils, accusés de ne pas respecter le couvre-feu dans une ville désormais fantôme, sans système de transport efficace. Et où on peut se trouver dehors au début du couvre-feu si on est allé acheter certaines denrées. D’autres témoignages d’exactions commis par des militaires gabonais nous sont également parvenus.
La police gabonaise n’est pas en reste. Dans un commissariat de Libreville, des jeunes arrêtés ont été « libérés » contre une « rançon » de 50.000Fcfa (soit 75 euros). Une famille a ouvertement déclaré le 22 mars 2020 que leur fils Hubert Onguene, lycéen, âgé de 18 ans « arrêté par des policiers », introuvable dans tous les commissariats du « Grand Libreville », se trouvait en fait "détenu" dans les locaux de la sinistre Direction générale des contre-ingérences et de la sécurité militaire (B2, DGCISM) !
C’est certainement pour corriger ces nombreux manquements que Noureddin Bongo, l’héritier du trône, a fait un « giga-don » (sic) aux « Gabonais les plus fragiles partout dans le pays ». En principe - et uniquement sur le papier - le Gabon est une République depuis 1960…
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