Locales/Législatives 2018 : Opposition gabonaise décrédibilisée ou opposition du pouvoir ?
La question de la participation de l’opposition gabonaise aux élections locales et législatives du mois prochain, continue d’interpeller les partisans de l’opposition radicale. C’est l’objet de l’analyse de Roland Olouba Oyabi, du parti pour les 7 merveilles du peuple gabonais (7MP). L’auteur s’interroge sur la décision de certains partis de la Coalition pour la nouvelle république de Jean Ping, de participer à la « soupe nationale » organisée par Ali Bongo au lendemain du « sacrifice suprême offert par les morts du 31 août et 1er septembre 2017 ». Roland Olouba Oyabi n’hésite pas à les qualifier de « commerçants politiques à la recherche d’une belle vie personnelle et pour leurs proches ». Lecture.
Voici une raison qui me sort de ma réserve : la participation d’une « certaine opposition » aux élections législatives et locales combinées d’octobre prochain. Pour ces élections, plusieurs questions taraudent mon esprit sur la nécessité de la participation de nombreux contempteurs du régime. Cela va de soit que les hypothèses de réponses sont nombreuses voire fallacieuses à certains égards.
Les partis politiques de l’opposition dite du bord radical, c’est-à-dire ceux alliés à Jean Ping, ou encore qualifiés de partis de résistants sont qualifiés d’incapables. Or, certains de ces mêmes partis politiques ont participé aux dernières élections législatives de 2011 et municipales de 2013, boycottés jadis par les participants d’aujourd’hui. Ils exigeaient leur participation à ces scrutins à l’époque à l’introduction de la biométrique dans le système électoral. Cela n’a jamais été fait jusqu’aujourd’hui.
Malgré cette participation d’alors parfois voulue ou encouragée par le pouvoir, le résultat a donné lieu à une assemblée nationale monocolore. Il est vrai que l’objet de l’existence d’un parti politique demeure la conquête du pouvoir suprême, à défaut de le partager.
Tout cela reste vrai dans un contexte où les règles du jeu sont établies par tous et également respectées par les parties prenantes. Or, la jurisprudence électorale à la gabonaise démontre un manque criard du respect aux normes collectives quand elles dérangent les détenteurs du pouvoir. En refusant de combattre aux côtés de Jean Ping pour la prise réelle du pouvoir, tous les participants aux élections organisées par Ali Bongo envoient sans faux-fuyant un message qui ne saurait souffrir d’une ambiguïté d’interprétation : l’alternance au sommet de l’État n’est en rien leur priorité.
Beaucoup tels que Barro Chambrier, Myboto, Nzouba Ndama et bien d’autres, justifieraient cette participation en sus de ce qui a été susmentionné comme alibi par cette phrase dénudée de toute pertinence : la politique de la chaise vide ne paie pas. Cependant, moi je leur répondrai par une simple question de bon sens :" Quand est-ce que la politique de la chaise pleine a t-elle amélioré les conditions de vie de ceux dont les participants aux élections sont sensés représenter ?"
Après avoir chanté, haut et fort, à qui voulait l’entendre que nous avons affaire à une autre génération de Gabonais face à Ali Bongo, les mêmes contempteurs du régime en place ne sont tout simplement que le revers de la même pièce. C’est à croire que ces opposants modérés ou républicains, peu importe le qualificatif qu’ils s’attribuent, ne peuvent apporter une nouvelle offre politique aux Gabonais.
Les Gabonais épris d’esprit patriotique ne peuvent valider leur approche à participer aux élections locales et législatives car elle dénote tout simplement un manque de constance politique dans les actes. Dans la hiérarchie de la nomenclature de la gouvernance au Gabon, l’hyper-Présidence de la République fait tomber en désuétude toutes autres formes de pouvoir. Tout se décide par le Président de la République.
Les autres formes de pouvoir ne sont que de simples caisses d’enregistrement. Dans un tel cas, rêver de représenter le peuple à l’hémicycle du Palais Léon Mba n’est que jeu de dupes. Chaque prétendant à la députation ne rêve que du titre d’honorable puis d’un compte en banque bien fourni. Le tout serait couronné par une belle retraite.
Ces opposants ne seraient que de simples profito-situationnistes, des commerçants politiques à la recherche d’une belle vie personnelle et pour leurs proches. N’en déplaisent à beaucoup qui me liront, le pouvoir a déjà fait perdre beaucoup de crédit à plusieurs participants à cette grande soupe nationale, excusez mon lapsus, participants aux élections, notamment à ceux qui se font appeler opposants.
Ali Bongo et le PDG restants maîtres du jeu de leurs propres élections, ont déjà choisi leurs opposants. Les autres ne sont que les éléments qui plantent le décor de cette pièce théâtrale. Ma énième illustration de cette situation demeure un adage de la sagesse populaire de chez nous les Ombama et Téké qui dit « On ne peut être en procès dans un cimetière contre des défunts et qui ont pour avocats de la défense des fantômes et espérer remporter le procès ».
C’est dire qu’avec de tels opposants, les Gabonais n’ont pas d’autres choix que de se lever et se battre en faveur de leur propre bien et l’avenir de leur progéniture. Car, les générations à venir les jugeront par les efforts qu’ils auraient fournis pour leur léguer l’héritage d’un Gabon digne d’envie. Si tous les Gabonais adoptaient la posture de Jean Ping face au pouvoir, l’alternance au sommet deviendrait une réalité.
Cependant, les opposants au régime choisissent la participation à la soupe nationale malgré le sacrifice suprême offert par les morts du 31 août et 1er septembre 2017 qui croyaient à l’avènement d’un nouveau Gabon. On comprend finalement que beaucoup sont nés avant la honte dans ce pays. Est-ce une opposition crédible ou décrédibilisée qui aident le pouvoir à organiser ses élections en donnant une légitimité à Ali Bongo ?
Chacun à son niveau pourrait répondre à la question.
Par Roland OLOUBA OYABI, Commissaire national aux comptes et aux biens du 7MP
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