Si la mort ne l’avait pas emporté le 8 juin 2009, Omar Bongo serait toujours à la tête du Gabon. Un pays qu’il aura dirigé de main de maître jusqu’à sa mort, soufflant tantôt le chaud mais surtout le froid sur une classe politique dépassée par la justesse de son génie. En ce jour anniversaire, la rédaction d’Info241 revient sur le parcours d’un homme politique qui aura légué à sa nombreuse progéniture le Gabon en héritage avec les millions d’âmes qui y vivent tant bien que mal !
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Omar Bongo (1935-2009) a régné sur le Gabon jusqu’à sa mort le 8 juin 2009 à l’age de 73 ans. Arrivé au pouvoir grâce aux réseaux mafieux de la françafrique mis en place pour assurer une néocolonisation de l’Afrique en douceur par la France, l’homme de paille d’un Gabon dit indépendant, y régnera durant 42 ans dont 22 sous monopartisme. Omar Bongo bénéficiera d’un soutien « officieux » de l’ancienne puissance coloniale pour se maintenir au pouvoir et bâtir sa légende. A la tête d’un régime avec des courtisans qui lui vouent une adoration sans faille, Omar Bongo a su manier le bâton et le glaive de la corruption pour se payer ses adversaires politiques.
Le dauphin françafricain d’une France officieuse
La légende du père du Bongoïsme débute par son arrivée au sommet de l’Etat en septembre 1965 en qualité de ministre délégué à la présidence, chargé de la Défense et des Affaires étrangères. Jacques Foccart fait de lui l’héritier du pouvoir d’un Léon Mba déjà bien fragilisé par la maladie. Grace à une entourloupe constitutionnelle fin 1966, une modification de la Constitution instaure le poste de vice-président de la République, chargé de prendre la succession du chef de l’État en cas de vacance du pouvoir ou devrait-on dire de la mort de Léon Mba. C’est par le biais de cette modification constitutionnelle orientée que le patriarche de la future grande françafrique réussi à devenir vice-président du Gabon.
Omar Bongo et son bienfaiteur françafricain, Jacques Foccart
Au mois de mars 1967, le président Léon Mba bien que malade est réélu avec pour vice-président le jeune Albert Bernard Bongo, son ancien patronyme. Il accèdera finalement à la présidence de la République gabonaise le 28 novembre 1967, à la mort de Léon Mba qui était attendue par les mains noires. L’animal politique ne quittera plus jamais le palais présidentiel malgré les nombreuses élections présidentielles plurielles qu’il organisera que dès 1993. Ce, après avoir consenti malgré lui, le retour au multipartisme. Quelques mois au lendemain de son intronisation en tant que président, Omar Bongo instaura le monopartisme qui dura 22 ans.
Multipartisme, le gain et les opposants
Une fois le retour au multipartisme concédé à sa population et à ses adversaires politiques qui en avait marre de son régime autoritaire, Omar Bongo continuera à dominer le paysage politique, victime de deux décennies de pensée unique, de sa pensée unique ! De Paul Mba Abessole à Pierre Mamboundou, Omar Bongo a su s’offrir ses opposants qui lui livraient pourtant une guerre politique féroce. Une corruption politique masquée par la prétendue sagesse vantée par ses soutiens pour aduler 42 ans de gestion scabreuse d’un pays riche de nombreuses matières premières qui ne profitent qu’à la classe politique dirigeante.
L’ex opposant Paul Mba Abessole s’agenouillant à la place de l’indépendance devant son ancien ennemi politique
C’est bien peu après sa mort que l’on apprendra de médias français, que le chantre du Bongoisme et patriarche de la françafrique tapait dans les recettes pétrolières. Durant son règne, Omar Bongo touchait 17% des recettes pétrolières du pays et de nombreuses commissions de président fortuné. Quand rien que 25% de ristournes pétrolières tombaient dans le budget de l’Etat, Omar Bongo s’en offrait une part similaire. Une part de lion qui permet à ses héritiers, dont son fils Ali Bongo, de jouir d’une fortune familiale dont personne ne se risquerait à évaluer tant les tentacules sont énormes et inconnues du grand public.
Un héritage politique non génétique
Durant son règne, la famille Bongo tenait en même temps le pouvoir politique et celui économique. Un double appétit économique qui ne va pas sans la boulimie économique de sa cette famille dite « présidentielle » qui se perpétue au pouvoir de père en fils au terme d’élections présidentielles toutes entachées d’irrégularités grossières que parvient à gommer avec maestria la précieuse présidente de la Cour constitutionnelle, Marie Madeleine Mborantsuo. Elle-même, ancienne miss du Haut-Ogooué mais surtout maîtresse du président défunt et mère de deux de ses enfants.
Omar Bongo prodiguant des conseils à son fils et futur héritier politique
Un manège politique qui dure et perdure toujours malgré le décès d’Omar Bongo qui continue d’être apprécié et adulé par les acteurs politiques d’aujourd’hui. Son fils Ali Bongo, qui a hérité du pouvoir à sa mort, a tenté de révolutionner sa recette de longévité sans réellement y parvenir. Faisant même des anciens fidèles de son père, ses opposants les plus féroces à son règne naissant. Omar Bongo sera donc définitivement, un stratège politique qui est décédé avec son art politique. Un homme de petite taille qui a gagné en taille au gré d’une géopolitique de partage du pays pour contenter les appétits des adversaires à son hégémonie présidentielle.
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