Remaniement ministériel : où sont passés les partis fusionnés et absorbés par le PDG ?
Perdus dans la fusion-absorption au sein du Parti démocratique gabonais (PDG) en novembre puis en décembre 2021, Démocratie nouvelle (DN), le Rassemblement pour la restauration des valeurs (RV) et les Sociaux démocrates gabonais (SDG) semblent être les grands oubliés du remaniement ministériel opéré hier par Ali Bongo et sa Première ministre Rose Christiane Ossouka Raponda. Que comprendre à ce nouvel attelage qui a plutôt préféré s’ouvrir aux Démocrates de Guy Nzouba Ndama, considéré officiellement comme parti de l’opposition radicale.
C’est sous une pression intenable que René Ndemezo’o Obiang, Arsène Édouard Nkoghe et Juste Louango Bouyomeka, respectivement présidents des partis démocratie nouvelle (DN), Rassemblement pour la restauration des valeurs (RV) et des sociaux démocrates gabonais (SDG) avaient tour à tour acté leur fusion-absorption par le PDG. C’était durant le dernier trimestre de l’année écoulée. Des fusions-absorptions que plusieurs observateurs n’avaient pas hésité de qualifier de ramassis fait de bricks et de brocs au regard des ambitions et visions profondément opposées entre absorbés et absorbants.
Des fortunes diverses
Tous créés dans la foulée de l’élection présidentielle très contestée entre 2016 et 2017, lesdits partis politiques étaient subitement devenus des forces politiques de premier plan au sein de la majorité présidentielle pour le SDG et le RV, et DN au sein de la Coalition pour la nouvelle république proche de Jean Ping, le principal opposant d’Ali Bongo en 2016.
Sauf qu’à l’issue du dialogue d’Angondjé au terme de l’élection présidentielle, René Ndemezo’o Obiang sentant les carottes cuites pour Jean Ping son champion de 2016, se rapprocha de nouveau vers un Ali Bongo dont il a eu plusieurs fois l’occasion de dénigrer publiquement lors de ses multiples sorties sur le terrain en tant qu’opposant radical. De ce rapprochement, il réussira à obtenir le Conseil économique, social et environnemental (CESE). Tout en continuant de surfer sur le prestigieux pote de Vice-président de la République comme fait foi une correspondance écrite par lui, adressée à Ali Bongo et à Noureddine Bongo Valentin, son fils alors coordonnateur général des affaires présidentielles.
Une disgrâce programmée ?
Quant au SDG et au RV, la chute libre de ces deux partis spontanément nés avait été sonnée à la suite de l’arrestation de toutes les figures de proue qui les avaient créés et qui assuraient aisément leur financement. Brice Laccruche Alihanga, Tony Bernard Ondo Mba, Patrichi Tanasa et Justin Ndoundangoye mis aux arrêts, les partis étaient rapidement restés orphelins. Malgré une bonne présence à l’assemblée nationale d’où ils disposent d’un groupe parlementaire, ils ne disposaient plus de leaders. Arsène Édouard Nkoghe avait beau reprendre temporairement la tête du RV, il n’en avait nullement ni l’étoffe ni la carrure. Juste Louango, sans moyens financiers en était réduit à des querelles internes avec plusieurs sympathisants qui le taxaient d’escroc. Existants mais en végétation politique, le PDG en profita et en fit une bouchée.
Toutefois, comme pour ne pas se donner pieds et mains joints, les deux jeunes partis absorbés respectivement le 14 novembre et le 12 décembre 2021 au cours de deux congrès organisés en catimini et sous la contrainte du PDG qui se chargea d’ailleurs de les financer, posèrent quand même quelques conditions sur la table du deal. Or, face à l’ogre PDG, sans argent et sans réel rapport de force sur le terrain, il ne fallait pas trop se faire d’illusions. Avec zéro membre pointé au gouvernement à l’issue du remaniement ministériel d’hier, un premier signal sérieux vient peut-être d’être lancé par le PDG à ses nouvelles recrues. Et la suite pourrait réserver encore plus de surprises sur le chemin de 2023.
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