Révision constitutionnelle, l’énième cadeau malodorant d’Ali Bongo à la démocratie gabonaise
Comme son père avant lui, Ali Bongo continue d’adorer le Gabon et les Gabonais mais uniquement quand c’est lui qui tire les ficelles. Jouissant déjà des pleins pouvoirs dans la désignation des chefs d’institutions républicaines censées être indépendantes telle que la Cour constitutionnelle, la HAC etc... Voilà qu’Ali Bongo en veut plus. Selon l’énième mouture de la révision constitutionnelle proposée le 18 décembre, il voudrait aussi désormais jouir du pouvoir de nommer des sénateurs, censés être des « élus » locaux. Pire, il rêve d’une impunité totale une fois qu’il ne serait plus aux affaires. Un cadeau « démocratique » empoissonné qu’il compte bien léguer à la postérité.
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Ali Bongo adore la démocratie ou plutôt sa « démocratie » personnifiée. C’est le sens à donner à la nouvelle modification de la Constitution qui n’osera jamais soumettre par référendum pour l’approbation du peuple, en bon « démocrate » qu’il est censé être. Lui qui comme son père, est à la tête du parti « démocratique » gabonais (PDG, au pouvoir depuis 1968) qui a enfermé durant 22 ans le Gabon sous le régime du parti unique, donc de la pensée unique de son père jusqu’à l’orée des années 1990.
Une démocratie à la sauce Bongo
Ali-le-Démocrate veut donc bâtir un nouveau sénat avec ses sénateurs à lui, bien qu’il choisisse déjà ceux de son parti. Pour cela, il compte bien modifier l’article 35 pour faire de lui, un faiseur de sénateurs. Ceux-ci ne seront plus uniquement élus par le suffrage universel indirect des conseillers municipaux et départementaux mais aussi par la main du « super-électeur-président » Ali Bongo.
Des sénateurs Bongo qui seront ainsi choisis par lui pour exercer un mandat parlementaire. Faisant ainsi d’Ali Bongo, un super électeur pouvant s’offrir des sénateurs. Le tout avec l’approbation des militants du PDG qui salue l’œuvre « grandiloquente » de démocratie de la démocratie made by Bongo.
Toujours plus de pouvoirs...
Cette frénésie pour sans cesse les pleins pouvoirs ne connait pas de limites. En plus des sénateurs Bongo-compatibles, Ali Bongo rêve de n’avoir pas à rendre des comptes sur sa gestion en qualité de président, si jamais il lui prenait l’envie de quitter le palais présidentiel pour une vie de simple citoyen. Pour cela, il veut réécrire l’article 78 relatif à la Haute Cour de justice.
Cette modification souhaitée par Ali-le-justiciable, voudrait consacrer son impunité pour les actes qu’il aurait commis durant ses fonctions de président de la république. Un rêve d’impunité que rêverait tout criminel si la justice lui était contée. Une vision d’après-présidence qu’Ali Bongo veut radieux, loin de procès contre sa personne ou des demandes de justice pour sa gestion du pays et des épisodes controversés de son magistère.
Un chamboulement de la hiérarchie gouvernementale
Si il y a certainement une incongruité de taille, on l’a retrouverait dans le chamboulement à venir de la hiérarchie dans le gouvernement. En effet, lui-même ancien ministre de la Défense nationale sous le règne à vie de son père, Ali Bongo voudrait faire de ce ministère, l’un des postes-clés ouvrant les portes du triumvirat qui prendrait les commandes du pays en cas de vacance de pouvoir ou d’empêchement définitif du président de la République.
Un ministre de la Défense nationale sera ainsi fait l’égal des deux présidents des chambres parlementaires pour gérer les affaires courantes du pays. Une réorganisation qui a curieusement eu l’aval de la Première ministre Rose Christiane Ossouka, appelée au final à n’être qu’un simple faire-valoir dans la hiérarchie gouvernementale. En choisissant le ministre de la Défense plutôt que le chef du gouvernement, Ali Bongo fait de ce ministère une institution « indépendante » au même titre que l’Assemblée nationale et le Sénat.
Pas de référendum, comme d’habitude !
Encore que tout ces chamboulements voulus par l’exécutif ne sauraient être soumis à l’approbation du peuple. Comme toutes les modifications constitutionnelles qu’il a menées, Ali Bongo et son gouvernement ne prendraient aucunement leur aise à entendre le peuple. Et pour cause, avec sa majorité écrasante au Sénat et à l’Assemblée nationale, il est quasi-assuré de faire passer telle une lettre à la poste ces chamboulements dans la mère de nos lois.
Le tout sur les acclamations effrénées de parlementaires qui ne représentent aucunement la volonté populaire. Un peuple gabonais, las de se voir bâillonner par un régime politique demi-centenaire qui ne s’écoute que parler. C’est tout l’œuvre de 53 ans de ce bongoïsme antidémocratique qui refuse que le peuple soit l’unique moteur de la vie d’une nation qui ne semble exister que de nom.
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